Les hirondelles de Kaboul 1

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Les hirondelles de Kaboul Yasmina Khadra

Yasmina Khadra, de son vrai nom Mohammed Moulessehoul, est né en 1955 dans le Sahara algérien. Il est aujourd’hui connu et salué dans le monde entier où ses romans, notamment À quoi rêvent les loups, L’écrivain, L’imposture des mots, Cousine K sont traduits dans 22 pays.

Les Hirondelles de Kaboul et L’attentat sont les deux premiers volumes d’une trilogie consacrée au dialogue de sourds qui oppose l’Orient et l’Occident et qui s’achève avec la parution des Sirènes de Bagdad (Julliard, 2006). Dans les ruines brûlantes de la cité millénaire de Kaboul, la mort rôde, un turban noir autour du crâne. Ici, une lapidation de femme, là des exécutions publiques, les Taliban veillent.

La joie et le rire sont suspects. Atiq, le courageux moudjahid reconverti en geôlier, traîne sa peine. Le goût de vivre a également abandonné Mohsen, qui rêvait de modernité. Son épouse Zunaira, avocate, plus belle que le ciel, est désormais condamnée à l’obscurité grillagée du tchadri. Alors Kaboul, que la folie guette, n’a plus d’autres histoires à offrir que des tragédies. Le printemps des hirondelles semble bien loin encore.

Les hirondelles de Kaboul de Yasmina Khadra:

Les hirondelles de Kaboul 3

Extraits de Les hirondelles de Kaboul

Atiq Shaukat abat sa cravache autour de lui pour se frayer un passage dans la foule loqueteuse qui tourbillonne, telle une nuée de feuilles mortes, parmi les étals du marché. Il est en retard, mais impossible d’avancer plus vite. On se croirait dans une ruche ; les coups qu’il assène à plate couture n’interpellent personne. C’est le jour du souk, et les gens sont comme dans un état second. Atiq en a la tête qui tourne. Les mendiants rappliquent des quatre coins de la ville, par vagues de plus en plus importantes, disputant les hypothétiques espaces libres aux charretiers et aux badauds.

  • Mais chaque chose a une fin, et le jour aussi. La nuit est là ; les gens rentrent chez eux, les sans-abri rejoignent leur terrier, et les sbires, souvent, tirent sans sommations sur les ombres suspectes. Il faut bien qu’il rentre, lui aussi, qu’il retrouve son épouse dans l’état où il l’a laissée, c’est-à-dire souffrante et désemparée. Il emprunte une rue hérissée de tas d’éboulis, s’arrête à hauteur d’une ruine, pose le bras contre l’unique mur debout et reste ainsi, le menton sur l’épaule, passablement campé sur ses mollets.

Il aurait pu ménager le vieillard, se dit-il, lui faire croire que, même impossible, l’espoir était permis. Il ne comprend pas ce qu’il lui a pris, pourquoi, tout à coup, le malin plaisir de tisonner la détresse du pauvre bougre l’a emporté sur le reste. Cet irrésistible besoin de gâcher, en deux mots, ce qu’il implore en cent le préoccupe cependant, telle une démangeaison, il se gratterait au sang qu’il ne voudrait pas s’en défaire… Hier, en rentrant chez lui, il a trouvé Mussarat assoupie. Sans se l’expliquer, il a renversé exprès un tabouret, claqué les volets de la fenêtre et ne s’est mis au lit qu’après avoir récité, à voix haute, de longs versets.

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